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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 21:44
Jean Ziegler : « Une protection par les Casques bleus »
 
Jean Ziegler Vice-président du comité consultatif 
du Conseil 
des droits de l’homme des Nations unies Entretien réalisé par Pierre Chaillan
Jeudi, 24 Juillet, 2014
Photo : Joël Lumien
Jean Ziegler
Crédit: 
Joël Lumien
Le sociologue suisse en charge des droits de l’homme montre qu’un armistice est possible par la voie diplomatique.

Pourquoi avoir signé l’appel lancé par l’Humanité  ?

Jean Ziegler Le peuple palestinien de Gaza est victime d’une agression meurtrière qui viole le droit international. Cette agression a un seul but : terroriser la population afin de briser sa volonté de résistance. L’État colonial israélien utilise ses armes les plus récentes afin de tester leur efficacité. Que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU se réunisse en session extraordinaire ce mercredi 23 juillet est une chose importante, mais ce qui serait vraiment efficace, c’est que l’Union européenne suspende son accord de libre-échange avec Israël de juin 2002. L’article 2 de cette convention stipule qu’il soit suspendu en cas de non-respect des droits de l’homme par l’une des parties. Pour stopper le massacre israélien des enfants, des femmes et hommes de Gaza, l’embargo économique total et immédiat par l’Union européenne est la seule solution réellement efficace.

En quoi pourrait consister une protection internationale du peuple palestinien ?

Jean Ziegler Il faut d’abord une trêve immédiate de toute action armée impliquant un retrait total des troupes israéliennes du ghetto de Gaza ainsi que l’arrêt total des bombardements de la marine et de l’aviation israélienne et la mise en place de corridors humanitaires pour évacuer les blessés vers l’Égypte. Cela nécessite l’envoi de Casques bleus visant à sécuriser les frontières terrestres et les eaux territoriales gazaouies. Ces Casques bleus doivent se disposer le long de la frontière terrestre avec Israël et sur tout le littoral maritime, à l’image de ce qui est mis en place au Liban-Sud. Depuis 2006, des Casques bleus sont sur place et une flotte onusienne sécurise les côtes du Liban-Sud.

Comment obtenir un tel dispositif ?

Jean Ziegler Deux instances internationales entrent en action en cas de violation des droits de l’homme et de crimes contre l’humanité. D’un côté, il y a le Conseil des droits de l’homme composé de quarante-sept États élus au prorata des continents par l’assemblée générale, et d’un autre le Conseil de sécurité des Nations unies. Pour le premier, les décisions (résolutions, condamnations, appels aux belligérants, commissions d’enquête) sont prises à la majorité simple, alors que pour le second, sur les quinze États qui le composent, cinq grandes puissances ont le droit de veto. Il est évident que les massacres israéliens constituent une violation massive et flagrante des droits de l’homme et des crimes contre l’humanité. Le Conseil des droits de l’homme qui veille à l’application de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 va probablement condamner ces massacres, formuler des propositions et déterminer si des crimes de guerre et contre l’humanité ont été commis. Il pourrait créer par exemple une commission d’enquête comme il l’a fait lors de l’opération « Plomb durci ». Le rapport Goldstone avait dévoilé les mécanismes et les conséquences de l’agression israélienne de fin 2008-début 2009. Le Conseil des droits de l’homme devrait jouer son rôle et il faut s’en féliciter. Le Conseil de sécurité, pour l’instant paralysé par l’hypothèse du veto américain, pourrait prendre la décision en vertu du chapitre 7 de la charte de l’onu de mettre en œuvre la protection par les Casques bleus du peuple palestinien.

Et concernant la position de la France ?

Jean Ziegler Elle est incompréhensible ! La France devrait au contraire présenter une résolution au Conseil de sécurité afin d’imposer l’armistice, l’arrêt des massacres et l’envoi de Casques bleus. Dans cette perspective, l’intensification de l’expression de l’opinion publique dans les États démocratiques est essentielle.

Jean Ziegler est l'auteur du livre Destruction massive : géopolitique de la faim (éd. Seuil).

 

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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 15:34

 

Je vous rappelle la manifestation pour la Paix et pour la levée du blocus à Gaza  qui aura lieu samedi 2 août à 14heures et vous invite à y participer nombreux.

Il faut que les armes se taisent.

Il n'y a que l'intervention massive du peuple de France pour faire bouger le Gouvernement Hollande, Valls.

Cette manif doit être massive et se dérouler sans incident, c'est pourquoi, nous devons être nombreux à y participer.

 

Le rassemblement débutera à 14 h 00 Place de la réunion à Mulhouse par une intervention commune adoptée par toutes les organisations du Collectif Mulhouse - Palestine.

Puis nous observerons une minute de silence en hommage aux victimes de l'armée israélienne.

S'en suivra une manifestation à travers Mulhouse qui se terminera aux abords du Parc Gluck. 

Chaque organisation amènera ses drapeaux, badges, drapeaux palestiniens, keffiehs, T-Shirt, banderoles, pancartes etc ...


 

Communiqué du Collectif  Mulhouse - Palestine

 

"Au 18ème jour de l'offensive militaire israélienne contre Gaza, le peuple palestinien compte à ce jour plus de 1113 morts et des milliers de blessés; près de 3000 maisons et bâtiments divers sont détruits dont des écoles et installations sanitaires.

Les trois quarts des victimes sont des civils et plus d'une centaine d'enfants paient un très lourd tribut à cette attaque impitoyable d'une population qui vit sous blocus imposé par l'Etat israélien depuis 2007, au mépris de toutes les règles du Droit international.

Des victimes sont à déplorer également dans les territoires occupés où les actions de soutien à Gaza et de lutte contre l'occupation et la colonisation se multiplient.

Même le Droit humanitaire est ignoré par Israël qui fait désormais l'objet d'enquêtes pour crimes de guerre présumés de la part des instances onusiennes pour les conditions de son action militaire à Gaza.

 

Les organisations adhérentes au collectif (liste jointe) dénoncent par ailleurs l'attitude du gouvernement français dont les déclarations attestent d’une politique du « deux poids, deux mesures » qui ne va pas dans le sens de la recherche d'une paix juste et durable. 

 

Elles appellent d'ores et déjà à une grande manifestation citoyenne à Mulhouse 

le samedi 2 août dont les modalités seront rapidement communiquées par le collectif:

 

§ pour l'arrêt des bombardements, le cessez-le feu immédiat et la levée du blocus 

illégal et criminel de Gaza.

§ pour l'arrêt de l'agression israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem.

§ pour des sanctions économiques immédiates contre l'Etat d'Israël jusqu'au respect 

du droit international.

§ pour le soutien au peuple palestinien et à sa résistance légitime aux injustices et 

violences qu'il subit depuis trop longtemps.

 

La violence et la terreur ne sont pas des réponses à un peuple qui lutte pour le respect de 

ses droits fondamentaux imprescriptibles.

Le martyre du peuple palestinien doit cesser !

 

Organisations membres du collectif MULHOUSE – PALESTINE

 

AFPS 68, Association des amis de la Palestine, Association Clémence, Association des 

Musulmans d’Alsace (AMAL), Association REDA, CCFD-Terre Solidaire, Groupe 

Solidarité Paix Moyen Orient (SPMO), Europe Ecologie les Verts, Justice pour la 

Palestine, Les Alternatifs 68, Les Amis du Monde diplomatique, Ligue des Droits de 

l'Homme- Section Mulhouse, Parti Communiste Français 68, Parti de Gauche, Union 

Locale CGT de Colmar

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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 19:40

Déclaration du PCF suite aux troubles provoqués par certains individus en marge de la manifestation du 13 juillet à Paris

« L'intolérance et le racisme n’ont pas leur place dans le soutien au peuple palestinien » (Fabienne Haloui, PCF)

 

De très nombreuses manifestations se sont déroulées, ce week end, dans les grandes villes de France pour dire stop au déluge de bombes qui s'abat sur Gaza, pour exiger des sanctions contre Israël jusqu'au respect du droit international, pour demander la fin du blocus illégal et criminel de Gaza : qu'ils soient athées, musulmans, chrétiens ou juifs, ils étaient dans la rue pour crier "Nous sommes tous des palestiniens !"

 

Aussi, il est inacceptable qu'à Paris, ce dimanche 13 juillet, en marge de la manifestation, certains individus aient provoqué des troubles en tentant de pénétrer de force dans deux synagogues et en proférant des propos contre les juifs. On ne touche pas à un lieu de culte quel qu'il soit ! Toute parole antisémite, raciste ou islamophobe est intolérable, elle ne relève pas de la liberté d'opinion mais du délit ! Le conflit israélo-palestinien n'est ni religieux, ni "ethnique", c'est un conflit politique dont la cause est l'occupation d'un territoire et la poursuite de la colonisation par Israel. L'intolérance et le racisme n'ont pas leur place dans le soutien au peuple palestinien au risque de desservir sa cause !

 

Alors que le président président palestinien Mahmoud Abbas demande que la Palestine soit sous "protection internationale" des Nations unies, la mobilisation populaire doit s'amplifier pour exiger cette mesure de protection, pour exiger des sanctions contre Israël jusqu'au respect du droit international, pour exiger que le gouvernement français s'engage dans cette voie, la seule qui peut nous conduire à la paix. Cette mobilisation pacifique que le PCF appelle de ses vœux se doit d'être exemplaire.

 

Fabienne Haloui, Commission Droits et Libertés au PCF

 

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8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 20:46

 

 

 

 A chaque séjour à Cuba, la première question qui revient est toujours la même : comment ce peuple fier et courageux parvient-il à résister au blocus américain qui tente d’asphyxier le pays depuis plus d’un demi-siècle ? Mis en place en 1962, renforcé en 1992 par la loi Torricelli, puis en 1996 par la loi Helms-Burto, il s’est durci sous l’administration Obama, le bureau du Trésor américain imposant des amendes élevées aux entreprises internationales, notamment les banques, travaillant avec Cuba. La sanction de 8,9 milliards de dollars prise à l’encontre de la BNP Paribas en est un exemple édifiant. Pourtant, depuis 1991, les Nations Unies condamnent cet embargo à l’occasion de chaque Assemblée Générale (à l’unanimité en 2013, moins deux voix : celles des Etats-Unis et d’Israël).

 Le maintien du blocus est d’autant plus scandaleux qu’il a une application extraterritoriale et ne concerne donc pas les seules entreprises américaines. L’interdiction de commercer avec Cuba et d’investir sur le sol cubain concerne toute entreprise qui comprend plus de 10 % de technologie américaine. Il interdit aussi toute activité financière sur le sol cubain aux banques effectuant par ailleurs des transactions en dollars. Le cynisme du blocus va jusqu’à la caricature : ainsi, l’Ambassade de Cuba à Paris a été privée plusieurs années d’ascenseurs et a dû faire appel à un installateur chinois, toutes les entreprises européennes d’ascenseurs étant soumises à l’embargo !

 Plus grave encore, le rachat de l’entreprise française Alstom par l’américain Général Electric aura des conséquences immédiates d’une extrême gravité pour l’économie et le peuple cubains. Alstom assure en effet en exclusivité la maintenance, avec fourniture de pièces de rechange, d’une centrale thermo-électrique qui fournit plus de 10 % de l’électricité cubaine, dont la quasi-totalité de la consommation domestique de La Havane. Toute solution de rechange est d’ores et déjà bloquée par le repreneur américain d’Alstom.

 Après la « période spéciale » des années 1990, faisant suite à la chute du bloc socialiste, qui a entraîné une baisse de 35 % de son PIB, Cuba avait pu redresser de façon remarquable une situation catastrophique avec l’aide du Venezuela et la solidarité des pays progressistes d’Amérique Latine. Mais trois ouragans dévastateurs ont provoqué des pertes estimées à 10 milliards de dollars, dont elle se remet difficilement. La crise financière internationale s’est aussi fait sentir avec la chute des cours du nickel et la baisse des recettes du secteur touristique. Aujourd’hui, les graves difficultés de solvabilité et de liquidités provoquées par le blocus entravent la reprise économique.

 Président du groupe d’amitié France-Cuba de l’Assemblée nationale, c’est donc très solennellement que je lance un appel à tous les progressistes de notre pays, à tous les amis du peuple cubain, pour qu’ils donnent un élan nouveau aux actions de solidarité et de coopération. Notre pays se doit aussi d’intensifier les relations économiques bilatérales par le développement de projets industriels et touristiques. Les gestes récents du gouvernement français, avec la visite de Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères et du développement international, puis de Fleur Pellerin, Secrétaire d’Etat chargée du Commerce extérieur et de la promotion du Tourisme, doivent trouver un prolongement concret. Que notre mobilisation soit à la hauteur des enjeux!

 

 

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25 juin 2014 3 25 /06 /juin /2014 21:24

On entend les paroles du Chef de l'Etat et de son premier ministre (à propos d'Alstom, des intermittents et de la réorientation de l'Europe), maintenant on attend les ACTES 

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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 20:37
A Santa Cruz, une autre organisation du monde
Sommet du G77 + Chine en Bolivie
José Fort
Lundi, 16 Juin, 2014
Un événement considérable s’est déroulé ce week-end à Santa Cruz en Bolivie : le sommet du G77 + Chine qui propose de mettre sur pied un nouvel ordre mondial plus juste fondé sur une vision différente du développement selon laquelle les pays du Sud maîtriseraient leurs ressources naturelles et vivraient en harmonie avec la planète.
Le groupe des 77 aux Nations unies est une coalition de pays en développement. Créée par 77 pays en 1964, l’organisation a repris son envol et compte actuellement 133 pays membres. Le premier sommet d’importance eut lieu à Alger en 1967. Depuis, le monde a changé, le rapport des forces à l’échelle internationale aussi. C’est ainsi que le G77 plus la Chine, c’est aujourd’hui 77% de la population mondiale et 43% de l’économie de la planète.
La déclaration finale ratifiée dimanche soir à l’issue de cette réunion de près de 110 délégations et en présence d’une quinzaine de chefs d’Etat porte essentiellement sur les objectifs du Millénaire de l’ONU, recouvrant notamment la réduction de l’extrême pauvreté et de la mortalité infantile, l’accès à l’éducation, l’égalité des sexes, et la mise en oeuvre du développement durable.
Le président bolivien Evo Morales a établi une feuille de route en neuf points «pour une fraternité planétaire des peuples», recommandant la disparition du Conseil de Sécurité de l’ONU, la création d’une Banque du Sud se substituant au FMI, l’intégration de la Russie au G77 + Chine, la création d’une alliance scientifique, technologique et culturelle.
 
« Nous, peuples du Sud sommes l’avenir du monde», a déclaré Evo Morales tandis que le président uruguayen, José Mujica, estimait qu’il n’était «plus possible de cautionner cette civilisation du gaspillage, qui affecte la vie même de la planète». «Un autre monde est possible», s’est exclamé M. Mujica.
Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, à qui de nombreuses marques de sympathie et de solidarité ont été adressées, a demandé au G77 d'«incorporer plus de pays dans les projets visant à la libération de la communication et des médias». Il a annoncé que la chaîne vénézuélienne Telesur lancerait prochainement une chaîne de télévision en anglais. Evo Morales a préconisé des chaines en quecha et en aymara pour les pays andins.
 
La réunion de Santa Cruz ?  Les médias nord-américains et euro centristes feignent de ne rien voir, de ne rien entendre. On les comprend : un autre monde se construit. Sans eux et sans ceux pour qui ils roulent.

 

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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 14:24

Européennes - De cette crise politique doit émerger une perspective réelle et crédible à gauche

 

Le très haut niveau de l'abstention et le niveau historique du Front national, confirment que la crise politique et démocratique que traverse notre pays atteint un seuil critique. C'est une nouvelle alerte. La France s'enfonce dans un malaise démocratique inquiétant. Les causes de cette situation sont claires : le rejet massif du modèle libéral de l'Union européenne et le mépris que les tenants de ce modèle ont opposé depuis dix ans à tous ceux qui le contestaient ; l'enfermement de François Hollande et de Manuel Valls dans une politique d'austérité désavouée par le pays ; le profond désarroi dans lequel cette situation plonge les classes populaires et l'ensemble des électeurs de gauche.

La victoire du Front national, portée par une forte appropriation du mécontentement et une captation des voix de la droite, est un événement grave au plan national comme européen.

Si la droite et l'extrême droite sont en tête, c'est surtout que la majorité gouvernementale est ce soir sanctionnée et isolée. La gauche sort très affaiblie de ce scrutin.

Dans ce contexte, les résultats du Front de gauche, équivalents à ce qu'ils étaient en 2009, ne permettent pas de relever le défi d'une voix alternative majoritaire à gauche. Un vaste chantier est devant nous.

Ce soir, le PCF lance un appel solennel. De cette crise politique doit émerger une perspective réelle et crédible à gauche sur fond de rupture avec ce système rompu aux thèses libérales. La gauche s'est trop éloignée de ses valeurs. Elle ne pourra retrouver le peuple que dans un mouvement social et politique de l'ampleur d'un Front populaire du XXIème siècle. Nous appelons tous ceux qui, ce soir, se sentent malheureux à gauche, toutes les forces vives du pays, la jeunesse et les salariés à s'unir sans attendre. Nous mettons le Front de gauche à leur service.

Dans cette visée, les résultats de nos partenaires européens du groupe de la GUE-NGL et la progression de l'idée d'une alternative à gauche en Europe sont des signes encourageants.

 

Les député-es du Front de gauche élu-es aux européennes 2014

  • Marie-Christine Vergiat ( Sud-Est ) - Elue
  • Jean-Luc Mélenchon ( Sud-Ouest ) - Elu
  • Patrick Le Hyaric ( Ile-De-France ) - Elu
  • Younous Omarjee - DVG soutenu par le Front de gauche ( Outre-Mer ) - Elu

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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 20:33
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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 19:17
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24 avril 2014 4 24 /04 /avril /2014 21:40
Grandola
L'éditorial de Maurice Ulrich
Il y 40 ans, pendant la Révolution des œillets, une chanson avait couru sur les ondes qui semblait légère comme un papillon, Grandola, vila morena.

Ô ce beau jour d’avril 1974 quand des œillets fleurirent au canon des fusils. Une chanson avait couru sur les ondes qui semblait légère comme un papillon, Grandola, vila morena, évoquant la fraternité et les luttes des paysans de l’Alentejo, censurée des années durant par la dictature portugaise de Salazar et de son successeur Marcelo Caetano qui y voyait un reflet des idées communistes. Elle était le signal de cette révolution, conduite par de jeunes capitaines démocrates contre des décennies de dictature et de guerres coloniales avec leur terrible cortège de torture et de massacres. Ce beau jour d’avril, qui était comme retrouver l’air et le ciel après le coup d’État de Pinochet au Chili. Une des plus anciennes dictatures d’Europe disparaissait. Un an plus tard, la mort de Franco ouvrait en Espagne une nouvelle page et entre-temps la dictature des colonels en Grèce avait été renversée. En France, on pensait que la fin du giscardisme était pour bientôt et que la gauche et le peuple allaient écrire l’histoire.

Et puis sont venus les prophètes et les professeurs d’austérité qui ont commencé à enseigner à tous, y compris à toute une part de la gauche, en France et ailleurs, qu’il fallait renoncer au progrès social parce que le capital le commandait. Des économistes qui s’appelaient Milton Friedman et Friedrich Hayek inspirèrent Ronald Reagan et Margaret Thatcher, qui firent école.

Les dictatures d’aujourd’hui ne portent plus d’uniformes galonnés. Elles se nomment Moody’s, Standard and Poor’s, elles ont leurs représentants à la tête des États, à la Commission de Bruxelles, à la BCE, au FMI. Elles sont la finance, comme avait dit le candidat devenu président. Elles sont au pouvoir en Europe et pensent y rester. Il faut bien mesurer ces paroles de Martin Schulz, le candidat des socialistes européens à la présidence de la Commission européenne, évoquant deux autres candidats, de droite et libéraux : « Nous avons passé un accord, Juncker, Verhofstadt et moi : ce sera l’un de nous trois et personne d’autre. » La gauche européenne a son candidat, Alexis Tsipras. Il y a quelques mois, en écho aux manifestations contre l’austérité, des députés de gauche se sont levés au Portugal et se sont mis à chanter : Grandola, vila morena.

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