Le tribunal de commerce d’Épinal refuse d’accorder à Plastivaloire le bénéfice d’un redressement judiciaire pour son usine Cimest, sous-traitant automobile dans les Vosges. Les salariés réclament une rencontre avec le PDG.
Victoire pour les 101 salariés de la Cimest, un sous-traitant automobile situé à Rupt-sur-Moselle (Vosges) : le tribunal de commerce d’Épinal a refusé vendredi de mettre leur entreprise en redressement judiciaire, comme le groupe Plastivaloire, maison mère de ce site, l’avait demandé. Mardi dernier, lors d’une audience à huis clos, Me Ralph Blindauer, l’avocat du comité d’entreprise, a démontré que l’usine vosgienne ne dispose d’aucune autonomie par rapport à Plastivaloire qui oriente les clients vers ses différents sites (lire notre édition du 20 juin). Fait inédit, Étienne Manteaux, procureur de la République à Épinal, a appuyé dans le même sens, lors de ses réquisitions devant le tribunal mais aussi devant la presse ensuite : l’usine étant entièrement dépendante du groupe Plastivaloire, lequel demeure bénéficiaire (il affiche 40 millions d’euros de profits pour l’année dernière), il ne peut être question de dépôt de bilan !
En refusant de se prononcer sur la question des liens entre la maison mère et sa filiale, le tribunal de commerce d’Épinal choisit certes de ne pas trop se mouiller. Le redressement judiciaire est dénié au nom du manque d’éléments démontrant l’état de cessation de paiement. Pour Me Ralph Blindauer, « si le groupe décide de persister dans sa volonté de liquider l’usine et revient vers le tribunal avec un dossier un peu mieux ficelé, on se retrouvera de nouveau, mais là, c’est déjà une belle victoire pour les salariés ». Délégué CGT et secrétaire du comité d’entreprise de la Cimest, Thierry Bardin se réjouit que le tribunal n’ait « pas été dupe de la manipulation de nos patrons » : « Aujourd’hui, on réclame officiellement une rencontre avec le PDG pour qu’il nous dise les marchés qu’il ramène à la Cimest afin de pérenniser le site. Il faut que les 101 salariés puissent continuer à travailler. » De son côté, Me Ralph Blindauer considère que la nouvelle majorité doit légiférer pour empêcher les groupes d’assécher leurs filiales afin de les condamner au dépôt de bilan en transférant à la collectivité le coût social des licenciements. « C’est tellement commode, ces manœuvres risquent de se multiplier, relève-t-il. J’en ai déjà eu plusieurs dans le même genre. Heureusement, pour la Cimest, les salariés et le CE ont réussi à réagir à temps. Il est urgent que le législateur intervienne avec vigueur pour interdire ce type de procédé mis en œuvre pour tuer une entreprise ! »
Un leader de la plasturgie
L’usine Cimest est l’un des quelque 25 sites du groupe Plastivaloire, un des premiers fabricants européens de pièces plastiques complexes pour des produits de grande consommation (automobile, télé, hi-fi, électroménager, etc.). Implanté également en Espagne, Tunisie, Roumanie, Pologne, Angleterre, Portugal, Slovaquie, Plastivaloire, qui compte environ 2 500 salariés, a réalisé en 2011 un résultat net de 42 millions d’euros, en hausse de 325 % sur l’année précédente.